Les Mines de Potosi

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Les mines de Potosi

Potosi. C’est ici, dans les entrailles du Cerro Rico, que tout s’est joué. Une expérience aussi riche en contact humain qu’en défis. De ce voyage est né un projet : les mineurs de Potosi. Je m’étais donné comme objectif de partager ma rencontre avec ces hommes. Pour mener à terme ce projet, qui s’est transformé en aventure, j’ai plongé au cœur de l’enfer du Cerro Rico jusqu’à toucher mes propres limites. Prix, expositions, entrevues lui ont succédé ainsi qu’un besoin incurable de vivre le monde.

Des conditions de travail extrême

Dans mes bottes trop grandes, je me dirige vers l’accès de la mine. Devant l’ouverture sombre, nous attendons que les chariots, poussés à bras d’homme, soient avalés par les ténèbres. Un, deux, trois, quatre et cinq wagonnets se succèdent. 

Niveau 1 

À 4172 mètres d’altitude, devant l’une des baraques, et malgré un vent humide, le soleil frappe fort. M.Tacuri m’a recommandé à l’un de ses meilleurs hommes : Virgilio Ayarachi. Virgilio travaille dans les mines depuis vingt et un ans. Il est âgé de 37 ans, en parait plus de 50. Le mineur mâche de la coca. Ses joues, pleines à craquer, ressemblent à celle d’un écureuil en mode approvisionnement pour l’hiver. Virgilio se penche, appuie sa main droite sur son genou, se racle la gorge, renifle trois fois et crache sur le sol. Il camoufle le liquide avec son pied, reprend sa marche et s’enfonce une nouvelle poignée de feuilles dans la bouche. Il m’en offre. J’exhibe mon sac plein à ras bord.

Lumière et poussière

Niveau 2 

À l’intérieur de la mine, le sol caoutchouteux colle à mes bottes. À chaque pas, la succion les retient. Je dois écartiller les orteils pour ne pas les perdre.

 Le faisceau lumineux de ma lampe perce à peine l’obscurité.Le dos courbé, j’avance à tâtons. De peur de m’enfarger dans une pierre, ou de trébucher sur les rails, je traine les pieds plutôt que de les soulever. Des ampoules, peu nombreuses, brisées ou inexistantes, pendent au bout de fils.

Tout au fond

En avant, de la lumière bouge.

Un faisceau éclaire le sol, la paroi, et le sol, puis disparait. Une lueur dorée, trop belle pour être vraie, s’échappe de là où je l’ai aperçue. Une silhouette difforme se dessine en contre-jour. Une vision qui donne la frousse. Virgilio s’en approche.

Dans le rayon de sa lampe, un nez, une bouche, des yeux, un visage émanent des ténèbres. Il me présente à Cristobal, qui m’explique tout de suite son travail. Ainsi, pour prospecter, il est armé d’une tige d’acier, d’une masse et de beaucoup de courage. À grands coups de masse, Cristobal enfonce la tige d’acier dans le roc afin d’en déloger de lourds blocs de minerai.

Chaque bloc pèse de sept à quinze kilos. Il en remplira un plein chariot. Je lui offre mon sac de coca. 

Lumière et poussière